Résumé des enseignements de Tenzin Wangyal Rinpoche à Bulle – 2019

Lumière et Conscience : Les Cinq Sagesses

Dans la tradition du Dzogchen, la sagesse présente un sens particulier : il s’agit de la reconnaissance de l’état naturel, de notre vraie nature. La sagesse est la réalisation du Soi et de la présence du Soi. En essence il n’y a qu’une seule sagesse, mais dans la manifestation il peut y avoir d’innombrables sagesses.

Quand la conscience rencontre la lumière, cette rencontre donne naissance au Corps Eveillé.

Quand nous réalisons l’ouverture illimitée et la conscience pure de notre esprit naturel, cette reconnaissance se manifeste sous la forme de cinq qualités de sagesse :

  • La sagesse de la vacuité
  • La sagesse semblable-au-miroir
  • La sagesse de l’équanimité
  • La sagesse discriminante
  • La sagesse accomplissant tout

Ces sagesses représentent différents aspects de la sagesse, différents aspects de l’union de la conscience et de la lumière, autrement dit le cas de figure où la conscience rencontre la lumière. Si, à l’inverse, c’est l’ignorance qui rencontre notre identité de douleur (ce à quoi nous nous identifions), alors c’est le corps de douleur qui se manifeste et la perception négative de nous-même. La seule chose qu’on essaye de faire ici, c’est de réaliser le Soi, notre vraie nature, et de s’éveiller. La première étape consiste à se connaître soi-même.

Il y a cinq aspects à la réalisation de Soi. Le premier aspect – impliquant la sagesse de la vacuité – est le plus important et consiste à se connaître soi-même. Il s’agit de reconnaître d’abord tout ce que l’on n’est pas, ce qui revient à reconnaître la perception qu’on a de soi, et particulièrement nos fausses perceptions de nous-même. Une fois qu’on réalise vraiment qui on est, alors toutes ces fausses perceptions se dissolvent. Donc quand on parle de sagesse de la vacuité, cela se réfère à la vacuité de ces fausses perceptions, au fait d’être libre de toute fausse identification.

Pour nous, il s’agit de prendre peu à peu conscience des différents aspects et couches de notre identité, de ce que nous croyons être, ce à quoi nous nous identifions. Nous réalisons comment cela conditionne nos comportements, l’énergie que nous perdons à cause de cela et les difficultés associées.

Pour guider les étapes de la pratique méditative, Rinpoche a choisi quelques vers d’un texte de la tradition du Zhang Zhung Nyengyü, intitulé « Les 21 Clous » :

« La sagesse auto-générée est la base,
Les cinq émotions perturbatrices sont des expressions de l’énergie dynamique,
Les suivre c’est l’illusion,
Les considérer comme fautives est une erreur,
Les laisser dans leur condition naturelle c’est la méthode,
Les libérer dans l’immensité c’est la voie. »

Extrait du 15e Clou.

 

Dans notre pratique méditative, nous nous relions d’abord au refuge intérieur, à la tranquillité du corps (comme porte vers la tranquillité profonde de notre être), au silence de la parole (l’énergie du silence) et à la qualité spacieuse de notre coeur-esprit (notre essence). Depuis là, nous pouvons accueillir avec bienveillance nos identifications et nos perceptions de nous-même, dans la conscience que nous ne sommes pas cela, et les laisser se dissoudre dans l’immensité.

Le deuxième aspect de la réalisation du Soi (le premier étant la sagesse de la vacuité) est la sagesse semblable-au- miroir. Celle-ci nous aide à reconnaître clairement comment nous nous sommes engagés dans nos croyances, dans nos représentations et quels efforts nous avons fournis à cause de ces perceptions, ainsi que les conséquences dans notre vie de tous les jours, occasionnant épuisement et démotivation.

Rinpoche cite à nouveau un vers du 15e Clou pour illustrer ce 2e aspect et guider notre pratique méditative :

Pour couper totalement les traces karmiques dans la base-de-tout (Künzhi),
Coupez la corde de la saisie et défaites le noeud de l’attachement.

Lorsque nous pratiquons avec cette sagesse semblable-au-miroir, nous nous relions d’abord au refuge intérieur, puis nous examinons nos vies, en reconnaissant nos perceptions et les efforts inutiles résultants. Nous libérons tout cela en nous reposant toujours plus profondément – jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne qui essaye de se reposer, donc plus de sujet-objet. Cela permet à la lumière d’émerger, jusqu’à ce que nous ressentions le corps de lumière dans la conscience de la tranquillité, la parole claire dans le silence de la parole et la chaleur pure dans l’espace du coeur. Nous pouvons ressentir la nouveauté qui s’en dégage, quelque chose de spacieux et de chaleureux. Depuis là, nous accueillons ces identités douloureuses profondes pour permettre la guérison.

Notre potentiel réside dans ce que nous sommes et pas dans ce que nous essayons d’être.

Dans la pratique méditative, nous avons passé du temps à reconnaître, nous nous sommes permis de nous reposer dans la source, cette sagesse auto-générée. Après s’être suffisamment reposé, on regarde à nouveau avec beaucoup d’ouverture, de clarté et de la chaleur, et on ressent naturellement de la compassion envers nous-même. Alors c’est le moment de laisser le changement se faire, d’être libre et de permettre à cette sagesse auto-générée de s’éveiller dans notre (nouveau) corps, dans notre (nouvelle) parole et dans notre (nouvel) esprit. C’est le début d’une nouvelle vie sans nos habitudes.

Le repos c’est ce qui permet de connecter, de se relier à la base et ça, c’est le plus important. Le repos, c’est la méthode, mais ce n’est pas l’élément principal. Le fait de se reposer permet de se relier à cette sagesse auto-générée. Cela nous permet de nous connecter avec nous-même. Toutes les transformations surgissent de cette connexion qu’on arrive à établir avec nous-même car nous sommes connectés à la source des pouvoirs et des qualités.

En mai 2020, Tenzin Wangyal Rinpoche poursuivra avec l’enseignement et la pratique des autres aspects de la sagesse qui n’ont pas été abordés en mai 2019.